Administrateur des SAF mais n’étant pas issu de l’administration douanière, la nomination de Guénolé MBONGO KOUMOU à la tête des Douanes congolaises intrigue. Présenté, comme titulaire d’un doctorat en sciences économiques par le gouvernement, il est reconnu comme consultant dans les domaines de l’informatique, des télécommunications et de la finance. Enquête.
Le dernier conseil des ministres du gouvernement congolais qui s’est tenu le jeudi 27 décembre 2018 a surpris de nombreux observateurs de la vie politico-administrative congolaise. Dès 13h, alors que le compte-rendu dudit conseil n’est pas encore publié, nous sommes alertés par une information concernant des changements à la tête des régies financières publiques, les douanes et les impôts.
Les réseaux sociaux vont relayer cette information toute la journée. Alfred Onanga, Directeur des douanes depuis de nombreuses années et Antoine Ngakosso, indéboulonnable directeur général des impôts sont démis de leurs fonctions et remplacés par deux illustres inconnus : « Directeur général des Douanes et des droits indirects : M. Guénolé Mbongo Koumou, docteur ès sciences économiques, jusqu’ici conseiller à la fiscalité et aux douanes au ministère des Finances et du budget ; Directeur général des Impôts et des domaines : M. Ludovic Itoua, inspecteur principal des impôts de 7e échelon » pouvait-on lire dans le compte-rendu du Conseil des ministres.
« Un jeune de 36 ans directeur des douanes »
La surprise est grande pour de nombreux congolais, en voyant « un jeune de 36 ans Directeur Général des Douanes » pouvait t-on lire sur de nombreux posts qui accompagnaient la photo du nouveau DG, relayés sur les réseaux sociaux, Facebook et Whatsapp. La douane et les impôts constituent les deux mamelles de l’économie congolaise. La nomination de leurs directeurs obéit très souvent à des règles obscures, ce qui explique très souvent la longévité des directeurs en dépit des changements de gouvernements.
M. Guénolé Mbongo Koumou à peine 36 ans propulsé à un tel poste stratégique «Directeur général des Douanes et des droits indirects » au moment où l’économie congolaise est en crise et que le pouvoir cherche désespérément l’aide du FMI ; de l’admiration, dans un pays où la moyenne d’âge des hauts cadres dépasse les 50 ans, nous sommes vite passés à la suspicion, sur « les capacités de ce jeune à conduire une telle administration ». De folles rumeurs vont très tôt circuler sur les réseaux sociaux entretenues par le clan Onanga à propos du cursus universitaire du nouveau directeur supposé non abouti
Une carrière bâtie dans la haute administration congolaise
« C’est dans les couloirs de la cour des comptes et de la discipline budgétaire à Brazzaville que j’ai croisé pour la première fois le nouveau DG des douanes M. Guénolé Mbongo Koumou qui venait de rentrer de France. Il y travaillait comme Assistant du Premier Président et vérificateur dans le cadre de l’examen et du contrôle des lois de finances », explique à Ziana TV un auditeur de la Cour des comptes. Cette première expérience dans la haute administration congolaise fut précédée par une activité professionnelle dans le secteur privé en France dès 2006 en tant que « Consultant dans les domaines de l’informatique, des télécommunications juste après avoir obtenu un diplôme d’ingénieur en Réseaux informatiques et Télécommunications » explique un proche.
Après trois années passées à la Cour des comptes et de la discipline budgétaire, Guénolé Mbongo Koumou est recruté au cabinet de Calixte Nganongo en 2016 en tant que conseiller à la fiscalité et aux douanes du ministre des finances et du budget. « A ce poste, il était en charge de la coordination des réformes fiscales et douanières et président de la commission chargée d’apurer les contentieux fiscaux et douaniers. Il était aussi le point focal de la coopération bilatérale avec la République du Rwanda dans le cadre d’échange d’expérience en matière des réformes financières » nous explique un cadre du ministère des finances membre du cabinet de Calixte Nganongo.
Guénolé Mbongo Koumou devant le Jury lors de sa soutenance de thèse le 21/12/2018 à Tours
« De la volatilité des revenus pétroliers… » une thèse à point nommé
Le nouveau DG des douanes congolaises est un pur produit de l’enseignement secondaire congolais qu’il quitte en 1999 après un Bac C pour poursuivre ses études supérieures en France. Il y a obtenu un diplôme d’ingénieur en Réseaux informatiques et Télécommunications en 2006, complété en 2011 par une formation en sciences économiques « Option Monnaie Banque Finance » à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne, sanctionnée par un diplôme de Master 2; puis par une autre formation à l’Ecole Nationale des Finances Publiques de Noisy-le-Grand (France) en 2012, dans le cadre de la préparation d’inspection des finances publiques. C’est à l’université de Tours que Guenolé Mbongo Koumou va achever son cursus universitaire français.
Le 21 décembre 2018 il y soutient une thèse en sciences économiques qui portait sur « l’économie congolaise face à la volatilité des revenus pétroliers », sous la direction de M. Semedo Gervasio Maître de Conférences HDR à l’Université de Tours, devant un jury composé entre autres de Georges Kobou, professeur à l’Université de Yaoundé 2, Jude Eggho, Maître de conférences HDR Université d’Angers, Adrien Mathias Ndinga, Maître de Conférences Agrégé de l’Université Marien Ngouabi de Brazzaville. La soutenance de cette thèse 5 jours avant le Conseil des ministres aurait-elle été la condition pour DSN de décider de nommer Guenolé Mbongo Koumou à la tête des douanes congolaises ? Toujours est-il que le sujet traité ne pouvait laisser indifférent DSN, un président en quête de solutions pour maîtriser la crise des finances publiques que traverse le Congo actuellement.
Dans sa thèse, M. Guénolé Mbongo Koumou montre comment la volatilité des revenus pétroliers exerce une influence sur l’économie congolaise. De façon spécifique, il explique comment les mécanismes externes et internes à l’économie congolaise sont à l’origine de la volatilité des revenus pétroliers ; et, comment cette volatilité des revenus pétroliers affecte l’économie congolaise à travers les finances publiques. Guénolé Mbongo Koumou recommande une réorientation de la politique budgétaire vers une diversification des sources de revenus (donc de l’économie congolaise) afin de limiter les vulnérabilités inhérentes à la volatilité des revenus pétroliers. Pour cela, des reformes structurelles devraient être mises en œuvre dans le sens d’accroître l’assiette fiscale, de mobiliser davantage de ressources intérieures et de rationaliser la dépense fiscale.
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Bio Express :
- 1982 (8 avril) : naissance à Brazzaville
- 1999 : Bac C – Lycée de la Révolution Brazzaville
- 2006 : diplôme d’ingénieur en Réseaux informatiques et Télécommunications (France)
- 2011 : Master 2 en Sciences économiques Option « Monnaie Banque Finance » à l’Université de Paris 1 Panthéon Sorbonne (France)
- 2012 : formation à l’Ecole Nationale des Finances Publiques de Noisy-le-Grand (France).
- 2013 : retour au Congo – Cour des comptes et de discipline budgétaire (Assistant du Premier Président et vérificateur dans le cadre de l’examen et du contrôle des lois de finances).
- 2016 : Conseiller à la fiscalité et aux douanes du ministre des finances et du budget.
- 2018 (21 décembre) : Doctorat en sciences économiques à l’Université de Tours ( France)
- 2018 (27 décembre) : Directeur des douanes et des droits indirects
EXCLUSIF. Congo-Brazza : qui est vraiment le nouveau DG des douanes Guénolé MBONGO KOUMOU?

M. Guénolé MBONGO KOUMOU au milieu du Jury après sa soutenance de thèse le 21/12/2018 à Tours (France)
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