Au moment où plus d’un observateur de la politique africaine s’accorde à dire que la présidence de Kagame à la tête de l’Union africaine a été un modèle de bonne gouvernance, mêlant autorité et vision à long terme, grâce à un vaste programme de réformes, le 32ème sommet ouvre la voie à un renouveau de l’ordre politique, économique et socioculturel pour les 1,2 milliard d’habitants du continent africain.
La mise en œuvre de la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) sera, à n’en point douter, le projet qui retiendra l’attention des décideurs africains, compte tenu du fait que ce dossier, véritable outil d’intégration économique, devrait changer la réalité de 75% de la population africaine qui vit en dessous du seuil de pauvreté.
Ainsi, les Chefs d’Etat africains comme Paul Kagame (Rwanda), Denis Sassou N’Guesso (Congo-Brazzaville), Cyril Ramaphosa (Afrique du Sud) pour ne citer que les trois, ressentent le besoin de changer le mode de fonctionnement de l’appareil de l’Union africaine. Les différentes réformes engagées ont donc eu pour objectif de moderniser l’Union africaine et de renforcer sa souveraineté politique.
Si le principal enjeu du 32ème sommet a été le passage de témoin entre Paul Kagame et le Président égyptien Abdel Fattah Al Sissi, le nouveau Président de l’Union africaine a déjà fait savoir que son action s’organisera autour de la consolidation du programme de réformes, le développement économique et social, l'intégration économique, la paix et la sécurité.
Le leadership panafricain de Denis Sassou N’Guesso.
Il en a été question en marge du sommet, avec la déclaration faite Denis Sassou N’Guesso, Président du Haut Comité sur la Libye. Le Chef d’Etat congolais a émis son avis sur la lancinante question de paix en Libye, pays déstabilisé et dévasté par la guerre des milices et le manque de dialogue entre les différents protagonistes de ce pays qui vit ses heures les plus sombres de son histoire, depuis l’assassinat en 2011 de son Guide, Mohammar Kadhafi.
«La crise libyenne demeure préoccupante et se caractérise par la résurgence des violences et de l’instabilité. Il apparaît clairement que la consolidation des progrès accomplis passe par une véritable cessation des hostilités et la fin effective des affrontements. Cette étape ne peut prospérer que grâce à l’adhésion déterminée des acteurs au processus en cours.
Au-delà des questions de leadership et des enjeux de pouvoir, il s’agit au préalable de reconstruire un environnement de confiance. Celui-ci ne peut se réinstaurer que par un dialogue ouvert à toutes les sensibilités libyennes, parties prenantes à cette crise. C’est la position de l’Union Africaine que nous portons», a clamé, haut, le Président congolais.
Cette délicate situation libyenne ne nous fait pas perdre de vue celle de la République Démocratique du Congo qui, avec son nouveau Président, Antoine Félix Tshisekedi Tshilombo, fait renaître l’espoir d’une paix durable dans les sous-régions d’Afrique centrale et d’Afrique australe, tant il est vrai que l’élection présidentielle en RDC s’est passée dans le calme et sans effusion de sang. En tant que Président en exercice de la Conférence internationale sur la région des lacs (CIRGL), Denis Sassou N’Guesso avait fait de la paix en RDC, un préalable.
Félix Tshisekedi incarnerait-il le renouveau africain?
A la grande satisfaction de tous, les élections en RDC se sont déroulées dans le calme et les acteurs politiques congolais n’ont pas fait de la contestation des résultats des élections, un motif de déstabilisation de leur pays.
Le Président du parti d’opposition UDPS a été porté à la magistrature suprême et son élection a été confirmée par la Cour suprême. L’évolution positive de la situation post-électorale en RDC a conféré une certaine auréole au nouveau Président, Antoine Félix Thisekedi Tshilombo, dont la présence au 32ème sommet de l’Union africaine à Addis-Abeba, en Ethiopie, n’est pas passée inaperçue, dans la mesure où celui-ci a même bénéficié de l’onction de ses homologues qui l’ont choisi comme Vice-Président de l’Union africain.
C’est certainement le grand retour, sur la scène africaine, du pays-continent, la RDC. Car nombre de stratèges de la politique africaine estiment que le nouveau Président congolais «incarne le renouveau de l’Afrique» et son pays devrait très vite reprendre sa place à l’échelle continentale, même si beaucoup reste encore à faire en matière de paix, de stabilité économique et d’exploitation des minerais et mines souvent qualifiés de minerais de sang.
En effet, malgré la forte présence des casques bleus (plus 23.000), la RDC demeure le pays le plus touché par les attaques armées des milices, mettant à mal l’intégrité de l’immense territoire de 2,6 millions de mètres-carrés.
«Il n’est donc plus acceptable que le Congo mon pays puisse être indéfiniment victime de la convoitise des étrangers à cause de ses immenses ressources naturelles. Les guerres meurtrières que nous avons vécues devraient interpeller l’Afrique et la conscience africaine afin de ne plus sponsoriser toutes tentatives susceptibles de faire revivre au peuple congolais, les mêmes atrocités que nous ne cessons de décrier, depuis plus de 20 ans», s’est indigné le Président Tshisekedi, à la tribune de l’Union africaine.
En prenant l’option de construire un Etat de droit, de renforcer la politique de bon voisinage et le règlement pacifique des différends, de neutraliser la nébuleuse des groupes armés qui massacrent et sèment mort et désolation dans certaines contrées du pays, tout particulièrement à Beni et autres, le nouveau Président de la RDC s’est donné les chances de réussite de son mandat de 5 ans.
Avant de s’envoler pour Addis-Abeba, il a réalisé une importante tournée sous-régionale (Kenya, Angola et Congo-Brazzaville) qui lui a permis d’expliquer à ses pairs, la situation politique de son pays, après son élection et consolider les liens de fraternité ces pays. «L’idée que je me fait de l’Afrique passe par la consolidation des liens entre nos États, il me fallait donc venir ici à Brazzaville rencontrer le Président Dénis Sassou N’Guesso», lançait il à quelques heures de son départ en Éthiopie.
Où va donc l’Union africaine face aux enjeux de développement qui suscitent tant d’espoir à ces nouveaux Chefs d’Etat, élus fraîchement, dans le continent, notamment Félix Tshissekedi en RDC et Andre Rajoelina de Madagascar?
Pour faire propre, le nouveau Président en exercice de l’Union africaine, l’Egyptien Abdel Fattah Al-Sissi, entend imprimer un rythme en rapport avec les réformes déjà engagées par son prédécesseur Paul Kagame.
Déjà l’entrée en vigueur de la zone de libre-échange continentale africaine (ZLECA) adoptée par les Chefs d’Etat à Kigali, le 21 mars 2018, et instituant un marché unique de plus de 1,2 milliards d’habitants, constitue l’un des axes majeurs de la nouvelle politique africaine qu’entend mener le nouveau Président en exercice de l’Union africaine, l’Egyptien Fattah Al-Sissi. Une priorité qui n’a pas manqué d’enthousiasmer le commissaire pour le Commerce et l’industrie à l’UA, le Zambien Albert M. Muchanga.
A bien voir, cette initiative louable devrait bouleverser positivement l’évolution de l’Afrique. Pour nombre d’observateurs de l’Afrique et de son évolution, c’est sans doute le lancement de cette initiative visionnaire qui définira le mieux, pour la postérité, l’année de la présidence du Paul Kagame à la tête de l’Union africaine.
Si d’un côté, M. Guterres, le Secrétaire général de l’ONU, a salué l’exemplarité de l’Afrique en matière d’accueil des réfugiés, le thème même du sommet, il n’en demeure pas moins que l’avenir de ce continent africain intéresse au plus haut niveau certaines personnalités mondiales très illustres.
Les déclarations à la tribune de l’Union africaine des personnalités comme le milliardaire et philanthrope américain Bill Gates, le Président de l’autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, le Secrétaire général de la Ligue arabe, Ahmed Abdoul Gheit, le Président de la Fifa, Gianni Infantino, illustrent à juste titre, la volonté de faire réellement de l’Afrique, le continent d’avenir.